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Bulletin de l’Association “Les Amis de Comiac” (ADEC) Numéro 4 - 2005 - Page 22
d’un éponyme l’existence d’une moulène ? contenu de cailloux et de sable libres, soit
morts par le blocage aléatoire des galets,
Avant les grands travaux, le ruban liquide soit surélevés et abandonnés par l’eau.
empruntait quelques méandres. Il en éro-
dait les flancs concaves et remaniait les al- La chute de « Baptistou » était un spectacle
luvions quaternaires. Le ruisseau de Bel- en lui-même. Le ruisseau versait un flux
mont apportait sa contribution. L’affecta- dans un gorg (3). Même en période d’étiage,
tion dans la dénomination passait « de Co- le trouble de l’eau était tel que je n’aperce-
miac » à « de Candes ». Ayant atteint le vais pas le fond du gouffre liquide. Mousses
moulin portant le nom de ce village, le par- et fougères ruisselantes drapaient les pa-
cours bucolique était terminé. Notre rivière rois du cirque rocheux. Parfois, un arc-en-
communale devenait un torrent taraudant ciel ténu magnifiait les gouttelettes en sus-
un lit d’une pente supérieure à 10%. pension. La puissance et le grondement de
la cascade me maintenaient au large.
Découverte du ruisseau
par un enfant du terroir Le ruisseau de Candes,
lieu de vie
De grands travaux ont entraîné des chan-
gements irréversibles dans la partie de la Qu’elle était la vie communautaire dans la
vallée exploitée par les villageois de Bous- vallée aujourd’hui noyée, bornée par le
sac et de Candes. Antérieurement à cette confluent du ruisseau de Belmont et le ver-
évolution, un orage déversait-il une ondée rou d’accès aux gorges boisées ?
vivifiante, les berges du ruisseau ne tar-
daient pas à être parcourues par les pê- Les hautes eaux d’hiver et de printemps
cheurs du cru. C’est dans les prés qu’avait alimentaient les rasas (4) dessinant des
lieu l’initiation à la pêche à la truite. courbes de niveau. Un arrosage copieux des
prés formant terrasses maintenait une pro-
Ailleurs, la remontée sportive de la vallée, ductivité fourragère acceptable par lessiva-
du confluent avec la Cère jusqu’au moulin ge de l’humus des taillis environnants. Par
de Candes était tout autre. L’environne- forte gelée, les pentes soumises au ruissel-
ment boisé y était hostile. Le désordre vé- lement s’habillaient de glace. Les retours
gétal d’arbres centenaires renversés s’al- de l’école étaient, pour les enfants du villa-
liait au chaos minéral d’empilages insta- ge, déchaînement de frayeurs simulées
bles de rochers. avec des rires, des cris, des mains écor-
chées par des glissades mal contrôlées.
Les plus remarquables étaient « Les Tou-
relles » que les engins de terrassement ont En août, la fenaison mettait les villageois
gommé du paysage. D’énormes bloc tabu- de Boussac en vis à vis avec ceux de Can-
laires étaient redressés et figés dans leur des. Les andains se faisaient face. Les rup-
menace d’anéantissement. Des schistes tures dans l’effort étaient bien vécues. On
montraient leurs strates cordés comme de parlait de tout et de rien.
la pâte que pétrissait ma mère. Des vas-
ques à flanc vertical avaient été creusées Le moulin était un pôle de rencontres. Une
dans les zones de moindre dureté de la ro- « quarte » de blé noir était acheminée du
che-mère primaire sous l’action du brassa- village, sur le dos. La meule mobile se traî-
ge de galets mus par l’eau courante. nait sur la dormante dans un bruit sourd.
Le batarel (5) émettait son chant monoto-
Ces « chaudrons » naturels de dimensions ne de crécelle.
métriques étaient soit actifs avec leur