Page 22 - Adec-Bulletin 04-2005
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Bulletin de l’Association “Les Amis de Comiac” (ADEC)                                                      Numéro 4  - 2005 - Page  23


                                                              Maintenant, la vallée est noyée. La brise ne
                                                              fait plus trembler le feuillage des vergnes.
                                                              A la méridienne, les marteaux ne frappent
                                                              plus  les  faux.  Une  eau  fraîche  et  dynami-
                                                              que a été remplacée par une étendue d’eau
                                                              dormante.

                                                              Tout change. Ce ne sont plus les pécheurs
                                                              qui  vont  à  la  rencontre  du  poisson  mais
                                                              l’inverse. On voit sur les berges, des hom-
                                                              mes  souvent  inconnus,  statufiés.  Les  can-
                                                              nes  à  pèche  sont  immobiles.  Le  soir  venu,
                                                              l’ombre portée des arbres grandit sur le lac.
                                                              Il faut plier les gaules.

                           Le moulin de Candes

                                                                                   ***
             Les clients de rencontre plaisantaient en se
             donnant le beau rôle. Le meunier, person-
             nage  haut  en  couleur,  possédait  l’unique
             cheval des environs. Sa femme, admiratrice  (1)  adjustant  dit  «  ajustan  »,  des  préfixes  ad
             de  son  homme,  se  mouvait  avec  difficulté.   (rapprochement) et juxta (à coté de)
             Elle soulevait l’édredon de percale rouge du     (2) boca dite « boucaou », bouche, ouverture, per-
                                                              tuis.
             lit matrimonial étriqué, en extrayait un gâ-     (3) gorg dite « gourgo », abîme d’eau dans une ri-
             teau jaune de sa richesse en œufs, en déta-      vière. A rapprocher de « gorja », gorge.
             chait une tranche. Mon père esquissait un  (4) rasa dite « raso », fossé formant rigole
             reproche:  «    le  blé  noir  n’a  pas  beaucoup  (5) batarel dit « botorel », claquet de moulin implanté à
             rendu  de  farine  ».  Une  réponse  sans  gêne   la gorge de la trémie.
             était servie: « les rats m’ont encore troué la   (6) seda dite « sedo », tamis à farine initialement tissé
             seda (6) et avec cette guerre… »                 en fils de soie.
















                                                                                  Entrée du ruisseau de Comiac dans le
                                                                                  Lac des Vergnes, en cours de vidage
                                                                                  pour un entretien. (12/2004)
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