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Bulletin de l’Association “Les Amis de Comiac” (ADEC) Numéro 4 - 2005 - Page 26
LOUISA, MA GRAND MÈRE
Par Renée CAYRE
a grand-mère maternelle était née à mère ajoutait qu’elle en aurait bien pris
M Lavitarelle de Mourèze en 1876. Son davantage ! Dure période pour une enfant
père Firmin Mazembert, de Mamouls de son âge.
(Comiac) s’était mariée avec Françoise Pres-
souyre, de Lavitarelle dont le Père était ori- Ensuite elle fut placée dans une ferme du
ginaire du Maniol, (Teyssieu). hameau de Proupech (Comiac) où on l’em-
ploya à des travaux plus pénibles: travaux
Aînée d’une famille très modeste de quatre d’été, suivis des labours à l’automne. Elle
enfants, elle dut rapidement gagner sa vie était réveillée très tôt, avant le lever du
et fut louée dès l’âge de sept ans dans une
ferme de Siran (Cantal) en qualité de bergè-
re. Durant toute la belle saison elle gardait
les moutons. Elle reçut en gage une robe de
laine et une paire de sabots. Ses patrons
étaient gentils, disait-elle, ce qui n’était pas
toujours le cas à cette époque. Mais elle se
souvenait surtout de ce passage, qu’elle
s’ennuyait beaucoup de sa maison et qu’elle
pleurait, le soir dans son lit, en pensant à
sa maman.
L’année suivante, toujours en qualité de
bergère, on l’envoya dans une ferme plus
proche. Elle allait certains jours faire paî-
tre ses bêtes dans un pré situé près de Ma-
mouls. Il ne fallait pas abandonner le trou-
peau, mais de là, ses appels avertissaient
sa grand mère qui habitait le hameau de
Mamouls. Aussitôt, « lo paouro moïri-
no » (la pauvre marraine, comme on l’appe- Louisa et sa petite fille, Renée
lait) accourait, portant dans ses poches des
châtaignes ou un morceau de pain car elle jour, il fallait être au champ dès que la
savait que sa petite fille ne mangeait pas clarté était suffisante pour travailler. Il fai-
toujours à sa faim. Ma grand mère me ra- sait froid dans la brume automnale quand
contait qu’il y avait dans cette ferme un elle devait, au bout du sillon tourner le
vieux, toujours assis dans le cantou, qui la lourd brabant. Elle ne se plaignait pas de
surveillait lorsqu’elle coupait du pain, au cette tâche, elle était de constitution robus-
grand tiroir de la table. Elle avait le droit, te et disait-elle, le travail ne lui faisait pas
avant d’aller garder les vaches, d’en pren- peur.
dre un morceau pour elle ou pour son
chien, en récompense lorsqu’il avait bien De cette période elle gardait le souvenir
obéi à ses ordres ! Le vieux lui disait: Catsé agréable de grandes lessives, au printemps,
pas tan chul coutel, drôllo ! (n’appuie pas autour des étangs où toutes les femmes du
autant sur le couteau, petite). Ma grand village se réunissaient pour laver le linge