Page 6 - Adec-Bulletin 04-2005
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Bulletin de l’Association “Les Amis de Comiac” (ADEC)                                                      Numéro 4 -  2005 -  Page 7


                                                                           d’armée  qui  arrivait  à  Paris.
                                                                           D’autres  passaient  des  couver-
                                                                           tures et des matelas par les fe-
                                                                           nêtres.  Ah  quel  désastre  de
                                                                           voir ça dans son pays.

                                                                           A la tombée de la nuit, ils nous
                                                                           ont  enfermés  dans  l’église  qui
                                                                           avait  été  bombardée.  Les  sol-
                                                                           dats  qui  nous  gardaient  pil-
                                                                           laient  les  tapis,  dévalisaient
                                                                           l’autel. Toute la nuit est passée
                                                                           en tremblant de froid tant nous
                                                                           étions mouillés.

                                                                           Le lendemain ils étaient cernés
                                                                           par les nôtres. Vers les 6 heu-
                                                                           res du soir une vraie salve d’ar-
                                                                           tillerie française éclatait sur le
                                                                           bourg.  Vite  les  officiers  alle-
                                                                           mands  nous  ont  fait  sortir  de
                                                                           l’église  et  marcher  avec  eux
                                                                           toute la nuit, il pleuvait averse,
                                                                           pour aller à Noyon où était leur
                                                                           convoi  de  prisonniers.  Puis  le
                                                                           19 (septembre) en marche pour
                                                                           Fère.  Nous  sommes  passés  à
                                                              Saunis, des allemands mangeaient à table
             Il m’ordonne de jeter le fusil et de le suivre.   en se faisant servir par une fille à poils.
             Il  m’emmène  vers  d’autres  prisonniers  de
             ma compagnie. Nous étions 10 copains en-         Nous avons couché le 19 dans la caserne du
             semble,  nous  avons  dit  :  pourvu  que  nous   45 ème d’artillerie, puis on nous a embar-
             ne  soyons  pas  tués  par  des  balles  françai-  qué avec 800 français. De Ribécourt à Fère
             ses ! Les allemands nous ordonnent de les        ce n’était qu’une chaîne, sur cette route on
             suivre en suivant leurs manœuvres toute la       ne  voyait  que  soldats,  chevaux,  automobi-
             journée. Nous avons bien  risqué les balles      les, munitions et canons. Quel matériel il y
             françaises  au  village  de  Cambronne.  Ce      avait là ! Nous disions en nous même qu’il
             jour là, c’était terrible tant ça canardait, on   faudrait de la force pour sortir tout ce mon-
             aurait dit que tout allait s’écraser. On nous    de et ça coûterait des képis.
             avait  fait  coucher  dans  les  maïs  dont  les
             balles françaises décapitaient les pointes.      Le  plus  dur  a  été  pour  nous  du  16  au  24
                                                              septembre  :  on  crevait  de  faim.  Nous  fai-
             Quand  la  manœuvre  a  fini,  ils  nous  ont    sions une vie de fourmis, on mangeait que
             conduit  à  Ribécourt  où  les  allemands  fai-  quelques  pommes  ou  poires  moitié  mûres.
             saient des pillages. Ils prenaient tout ce qui   Ah cette triste vie ! En 8 jours j’ai eu besoin
             était  dans  les  magasins  en  disant  que  le   de  chier  qu’une  fois,  en  passant  en  Belgi-
             champagne de France était bon.                   que…

             Ils  faisaient  jouer  des  phonographes  et  ils   Dans  ce  fameux  train  nous  étions  les  uns
             dansaient en criant qu’ils avaient un corps      sur les autres comme si nous étions des co-
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