Page 36 - Adec-Bulletin 04-2005
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Bulletin de l’Association “Les Amis de Comiac” (ADEC)                                                      Numéro 4  - 2005 - Page  37


                                      UNE AFFAIRE DE LITIÈRE...


                                                   Par Jean-Pierre POISOT




             Le  28  juillet  1884,  un  habitant  de  Comiac,   toute l’étendue du territoire de la commu-
             monsieur  F.  écrivait  une  longue  lettre  au   ne de Comiac… En conséquence le soussi-
             Maire de la commune pour « dénoncer » une         gné  est  d’avis  qu’il  y  a  lieu  d’inviter  le
             utilisation abusive d’un chemin traversant le     maire de Comiac à prendre un arrêté in-
             hameau de Nauvioles, reliant Le Bourg à La-       terdisant aux habitants de faire litière sur
             mativie. Il décrivait les discussions violentes   tous les chemins publics… »
             entre voisins au sujet de différents sur l’ap-
             propriation par certains d’un chemin commu-       Le  rapport  était  approuvé  par  la  hiérar-
             nal pour y déverser du fumier et faire litiè-     chie  cantonale  les  25  et  30  septembre
             re  !  Il  rappelait  que  dans  de  nombreux  ha-  1884.  Il  était  transmis  au  maire  de  Co-
             meaux  le  problème  existait  également  et  il   miac par la Préfecture le 3 octobre 1884,
             demandait à  l’élu  d’interdire de  faire  litière   assorti d’une demande formelle du Préfet,
             sur tout chemin public.                           de  prendre  un  arrêté  pour  interdire  de
                                                               faire litière sur les chemins publics.
             Il précisait « combien sont malsains et nuisi-
             bles à la salubrité publique... des chemins où    Le  25  octobre  1884,  M.  Labrousse  (1),
             l’on  s’enfonce  dans  une  vase  immonde  et     maire  de  Comiac,  rédigeait  l’arrêté  sui-
             puante  et  combien  ont  à  souffrir  les  enfants   vant:
             pour aller à l’école, obligés, été comme hiver,
             de  patauger  dans  le  fumier..  ».  Il  affirmait   « Il est défendu à tout propriétaire de faire
             « que le fumier obtenu par litière sur les che-   litière dans les chemins publics de la com-
             mins  est  moins  fécondant..  ».  Enfin  il      mune de Comiac.
             concluait « que dans un temps de lumière et       Les  contraventions  seront  constatées  par
             de progrès comme le notre, on doit faire céder    des  procès  verbaux  et  les  contrevenants
             l’intérêt à la salubrité, l’agrément, l’embellis-  seront  poursuivis  par  devant  le  tribunal
             sement… ».                                        de  simple  police  ou  le  tribunal  mention-
                                                               né ».
             Le  17  septembre  1884,  un  agent  cantonal,
             dépendant  de  la  subdivision  cantonale  de     Le  19  novembre  1884,  le  Préfet  du  Lot
             Bretenoux émettait un rapport à la demande        approuvait cet arrêté pour application im-
             du Préfet qui avait été informé des faits par     médiate.
             le maire de Comiac. Ce rapport mentionnait
             «  que  Monsieur  F.  fait  ressortir  les  inconvé-  Ainsi il n’aura fallu que 4 mois pour que,
             nients qui résultent de cette mauvaise habitu-    sur demande d’un administré, ce règle
             de…  et  que  certaines  personnes  en  sont  ve-  un très ancien problème…d’écologie !
             nues à des voies de faits et des violences peu
             dignes  d’hommes  civilisés…  »  Le  rédacteur    Comment,  aujourd’hui,  dans  le  monde
             du rapport indiquait « La tolérance de laisser    d’Internet  et  la  grande  communication,
             faire  litière  sur  les  chemins  ruraux  est  très   une affaire de ce type serait-elle vécue ?
             nuisible, non seulement du point de vue de la     Il n’est pas prouvé que la rapidité des dé-
             salubrité publique, mais encore pour le roula-    cisions serait en rapport avec la vitesse de
             ge, il convient surtout par les temps qui court   transmission des demandes…
             de faire cesser sans retard cette fâcheuse ha-
             bitude non seulement à Nauvioles mais dans
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