Page 34 - Adec-Bulletin 04-2005
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Bulletin de l’Association “Les Amis de Comiac” (ADEC)                                                     Numéro 4 -  2005  -  Page 35


             3  :  la reine  unique  femelle  capable  de  se  lui parler aimablement et qu’elle sélection-
             reproduire  est  la  mère  de  tous  les  autres  ne les personnes qu’elle pique, au contraire
             membres de la colonie.                           elle serait capable de reconnaître celui qui
                                                              les  élève  et  de  le  défendre  contre  les  ani-
             Le cycle annuel de la colonie comporte une  maux dangereux.
             série d’évènements liés au rythme des sai-
             sons. En  hiver en France, l’activité est ré-    C’est exactement ce que disait mon pépé et
             duite.  Les  ouvrières  se  regroupent  autour  lui  ce  n’est  pas  dans  les  livres  qu’il  avait
             de  la  reine  pour  la  réchauffer  et  restent  appris à connaître les abeilles !
             dans l’espace limité de la ruche où se trou-
             vent les réserves de miel et de pollen.          Il «... savait cela depuis toujours, bien au-
                                                              delà  de  toute  mémoire:  il  faut  parler  aux
              Au début du printemps, la reine commence  arbres, aux plantes et aux bêtes pour qu’ils
             à  pondre  à  un  rythme  qui  augmente  pour  vivent bien. Comme à tous les êtres vivants
             atteindre jusqu’à 2000 œufs par jour. Vers  » (2)
             la  fin  juin,  le  développement de  la  colonie
             est à son maximum, et elle se prépare pour  Après l’essaimage, la colonie s’active à ac-
             l’essaimage  ;  c’est  le  mode  de  propagation  cumuler des réserves de nectar et de pollen
             de  l’espèce  :  la  colonie  va  se  séparer  en  en prévision de l’hiver ; les mâles sont en-
             deux parties : l’une part à la suite de la rei-  core  tolérés  jusqu’à  l’automne,  puis  jetés
             ne pour former une nouvelle colonie tandis  hors  de  la  ruche  et  condamnés  ainsi  à
             que  l’autre  reste  sur  place  et  remplace  la  mourir de faim.
             reine qui a essaimé.
                                                              La  durée  de  vie  d’une  abeille  dépend  de
             En 2004, à Comiac, plusieurs sites ont été  son activité: la butineuse meurt après 4 ou
             choisis  par  les  abeilles  pour  essaimer  ;    à  neuf jours. En fait la longévité est détermi-
             Roudergues , au Château, dans Le Bourg, à  née par le nombre de vols réalisés: la mort
             Boussac.  Des  apiculteurs  sont  venus  re-     survient après 800 kilomètres de distance
             cueillir les essaims pour peupler de nouvel-     parcourue.  Malgré tous ses déplacements,
             les ruches.                                      une  butineuse  ne  permettra  de  fabriquer
                                                              que 7g de miel, mais une ruche peut conte-
              L’arrivée des essaims est depuis l’Antiquité un   nir jusqu’à 20.000 butineuses.
              présage  de  grands  événements,  funestes  com-
              me  les  guerres  ou  bénéfiques,  annonciateurs   Les sens très performants dont dispose l’a-
              de mariage  ou  de victoire.  De nombreux rites   beille  lui  permettent  d’exploiter  les  res-
              religieux  associés  aux  différentes  étapes  de
              l’élevage,  afin  d’assurer des colonies  saines  et   sources  de  son  environnement  pour  assu-
              une récolte de miel abondante, et des pèlerina-  rer sa survie et celle de ses congénères.
              ges  dédiés  aux  abeilles  étaient  organisés  cou-
              ramment dans les campagnes françaises.          L’abeille danse ! C’est par des danses que
                                                              l’abeille fait connaître aux autres l’empla-
             Au XVII ème siècle, après un décès on cou-       cement des sources de nourriture.  Aristote
             vre le rucher d’un voile noir pour éviter que  (philosophe grec,  384-322 av. JC)  fut  le  1   à  no-
                                                                                                   er
             les  abeilles  ne  meurent  ou  ne  désertent.  ter  que  des  butineuses  ayant  découvert
             Mais à l’occasion d’un mariage, d’une nais-      une  source  de  nourriture  en  entraînent
             sance  ou  d’une  bonne  moisson,  on  décore  d’autres vers ce lieu.
             les  ruches  d’étoffes  blanches  ou  rouges.
             Dans les campagnes françaises, l’abeille est  Maurice  Maeterlinck  publie,  en  1901,  un
             un  insecte  bénéfique  et  la  tuer  attire  le  ouvrage qui reste encore aujourd’hui célè-
             malheur ; on pense qu’elle quitte les lieux  bre  sur  «  La  vie  des  abeilles  ».  Karl  Von-
             où l’on profère des insultes, qu’il faut donc  Frisch  (  scientifique  né  à  Vienne,  en  Autriche,
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