Page 31 - Adec-Bulletin 04-2005
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Bulletin de l’Association “Les Amis de Comiac” (ADEC)                                                     Numéro 4 -  2005  -  Page 32



             A Comiac, on élevait des abeilles chez :         des  oies,  4  ou  5,  parfois  plus  -  ces  oies
                                                              avaient  voulu  attaquer  un  essaim  en  le
             Brunies et Blazy à La Boutine, Marroufin  chargeant, mais les abeilles les ont piquées
             à Mezayrac, Daval à Nauvioles, Pratous-          et j’ai été piqué moi aussi … ça faisait un
             sy à Barrié, Mas au Moulin, Nauvioles à  de ces bruits,  on n’a rien pu faire et les oies
             La Roumée,  Frégeac  et  Genries  à  Rou- en sont mortes ! »
             dergue,  Fénautrigue  et  Glédine  à  Cap-
             miol  (jusqu’à  120  ruches  !),  Four  aux  Le- « On se rassemblait le soir à la veillée pour
             vades, Daval et Lherm à Belmont, Faure  presser le miel. La brèche chauffée, placée
             et  Viersou-Piguet  à  Mamoul,  Mourèze  à  dans un linge, était serrée en étau par deux
             La Salesse, Couzy à Plaimpleu, Montber- gros bâtons: un de chaque côté on pressait
             trand à Mezayrac, Bennet à Proupech.             de haut en bas et le miel coulait ; puis on le
                                                              mettait  dans  un  pot  en  terre  cuite  cou-
             Jean-Denis,  du  hameau  de  La  Boutine,  se  vert »
             souvient bien :
                                                              «  Ça  ne  se  conservait  pas  bien  longtemps
             « Pour récupérer un essaim il fallait parler  dit  Élise,  mais  on  l’utilisait  avec  du  lait
             aux abeilles tout le temps, les appeler : bèni  chaud pour soigner le mal de gorge ou d’es-
             bèni belo belo (viens viens belle, la belo en  tomac.  Pour  les  yeux  des  vaches  aussi,
             question est la mère ou reine abeille). Öichi  quand les taons les piquaient, on leur pas-
             belo  (ici belle) !! quelques abeilles viennent  sait  du  miel  avec  une  plume  d’oie.  Nous,
             se poser puis toutes les autres se regroupent,  enfants,  on  faisait  4  heures  avec  un  mor-
             on les fait tomber avec une fourche dans un  ceau de brèche qu’on suçait et c’était bon !
             paillassou où on a pris soin de mettre du  On n’avait pas de bonbons comme mainte-
             miel  pour  les  attirer  et  ça  fait  un  essaim  nant ! »
             jeune » .
                                                              Les  familles  qui  produisaient  une  bonne
             Il y avait des gens qui savaient parler aux  quantité de miel en vendaient à des mar-
             abeilles et qui n’étaient pas piqués « mais  chands  qui  passaient.  Ils  prenaient  aussi
             une piqûre d’abeille vaut une piqûre du doc-     la cire pour faire de l’encaustique, des cier-
             teur contre les rhumatismes ! » me dit Élise  ges et des chandelles, c’était un petit com-
             d’une voix douce.                                plément au revenu de la ferme. A Barrié,
                                                              chez  Pratoussy,  c’était  le  cas,  Charles  me
             Les  yeux  rieurs,  Jean-Denis  se  rappelle  l’a confirmé.
             l’ancien  temps,  il  revoit  ce  poirier  et  le
             brougnou  qué  pindoulabe  (et  l’essaim  qui  Pour  ma  part,  lorsque  pépé  Eugène,  au
             pendait) à une branche.                          Moulin, allait voir ses abeilles, je me sou-
                                                              viens  du  mystère  qui  l’entourait.  C’était
             « On était 3 ou 4 à essayer de le faire tomber  une  affaire  de  grande  personne  et  j’étais
             et tout d’un coup les abeilles nous ont char-    tenue à l’écart. D’ailleurs il était le seul de
             gé, nous n’étions pas fiers ! On a tous couru  la famille à approcher les abeilles.
             se  jeter  dins uno cherbo quere oqui uru-
             jomen  mè  obion  de  l’ayo  jusqu’o  qui  Lui qui laissait toujours le col de sa chemi-
             (dans  un  étang  qui  était  là  heureusement,  mais  on   se  grand  ouvert  et  les  manches  retrous-
             avait de l’eau jusque là !) »  Il  me  montre  sa  poi-  sées, pour l’occasion, il s’affublait de vête-
             trine en riant.                                  ments fermés à longues manches, et se ca-
                                                              chait  sous  un  masque  étrange  qui  recou-
             « Une autre fois, on avait un troupeau d’oies    vrait toute sa tête, avec un grillage fin de-
             - dans presque toutes les maisons il y avait     vant et du tissu  cousu tout autour, on ne
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