Page 11 - Adec-Bulletin 05-2006
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Bulletin de l’Association “Les Amis de Comiac” (ADEC) Numéro 5 - 2006 - Page 11
FAITS de GUERRE (1939-1945)
Par Urbain COUZY
Nous avions rencontré Urbain Couzy le 17 septembre 2001 pour un enregistrement informel et nous
pensions nous revoir pour parler de la parution de quelques uns de ses souvenirs dans un prochain
bulletin de l’association. Malheureusement cette dernière rencontre n’a pu avoir lieu, Urbain est décé-
dé en Mai 2005.
En septembre 2001, il nous avait confié des articles qu’il avait rédigé et fait publier au fil des années
dans divers journaux. Nous en reproduisons quatre qui sont bien représentatifs de cette période vécue
par Urbain. Nous publions également une grande partie de l’entretien de septembre 2001. Urbain
Couzy était né le 21 mars 1919, au village de Pleimpeu. Il était fils de Léon Couzy et de Marie Gilbert
(les parents de Marie Gilbert étaient meuniers dans le bourg de Comiac).
la quarantaine bien sonnée) n'aimait guère
son uniforme feldgrau. Sauf pour nous
conduire au travail, le matin, nous ramener
le soir, on ne le voyait pratiquement pas de
la journée. Et nous, on s'amusait à se lan-
cer des pommes de pin.
C'est ainsi que j'ai atteint un camarade en
pleine tête. Rendu furieux, il m'a lancé sa
faucille avec force. La pointe de l'outil a pé-
nétré dans ma cuisse droite. Le sang cou-
lait. Je ne pouvais pas marcher. Inventer
quelque chose pour expliquer ma blessure,
trouver le gardien pour le prévenir, télé-
phoner de la maison forestière proche pour
appeler l'hôpital de Schönlanke (à 12 kilo-
mètres) qui a envoyé une ambulance; et, 40
Séjour dans un hôpital allemand minutes plus tard, j'étais installé dans une
chambre de huit lits, où j'ai été soigné tout
(en pleine guerre) de suite par des Sœurs protestantes. J'ai
perdu peu de sang, mais un nerf était tou-
« Karolina » août 1941 : dans ce petit bourg ché.
perdu de Poméranie, était notre cantonne-
ment. Nous étions là une vingtaine de pri- J'ai fait un séjour de trois semaines dans
sonniers, pour effectuer des travaux d'en- cet hôpital, bien soigné comme les autres.
tretien en forêt. Munis de petites faucilles, Un militaire avait les visites fréquentes de
nous avions pour tâche de couper des orties sa femme qui lui apportait des friandises. Il
qui gênaient la croissance de jeunes sapins. y en avait toujours un peu pour moi. La
nourriture était assez mesurée, mais c'était
Le temps était beau et chaud, n'incitant pareil pour tous. Un homme âgé, voisin de
guère à forcer l'allure dans le travail, d'au- lit, qui mangeait peu, me passait une par-
tant plus que notre gardien (un réserviste, tie de sa ration, que j'acceptais volontiers.