Page 23 - Adec-Bulletin 05-2006
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Bulletin de l’Association “Les Amis de Comiac” (ADEC)                                                      Numéro 5  - 2006 - Page 23


             temps pour soigner ses poules, ses lapins, ses co-  de la jeunesse. Il fallait voir la joie des dan-
             chons)  les  clients  partis,  elle  trouvait  des   seurs  !  La  salle  était  toujours  pleine,  sur-
             pièces  rassemblées  sur  une  table.  Cepen-    tout pour les bals du nouvel an. Quelle au-
             dant  elle  jetait  toujours  un  regard  à  ses   baine  ces  bals  !  A  une  époque  où  l’argent
             bouteilles  de  vin  tirées  le  matin,  au  ton-  était rare, les musiciens étaient heureux de
             neau,  qu’elle  avait  laissées  pleines  et  qui   récupérer  le  prix  des  entrées  et  mes  pa-
             maintenant se retrouvaient vides…                rents les coûts des consommations.














                              En 1952 - Fernand  et Odette Taurand et leur fille Renée… et la « Rosalie » !

             Outre le tabac, sur une étagère, à coté des      Les  danseurs  étaient  ravis  de  s’amuser  et
             verres, étaient disposés un petit flacon d’es-   pour  certains  de  faire  des  rencontres  qui
             sence  et  quelques  tubes  de  pierres  à  bri-  pouvaient, peut-être plus tard, se conclure
             quets. Les fumeurs pouvaient se servir.          par des mariages ! A tour de rôle, les bals
                                                              avaient lieu chez nous et au café Frégeac.
             Dès huit heures, le matin, le facteur avait
             apporté  le  journal  quotidien.  Le  premier               Un peu de modernisme
             client  venait  boire  «  un  petit  coup  de
             blanc  »  et  lisait  les  nouvelles  fraîches.  Si   Pour  attirer  et  satisfaire  la  clientèle,  mes
             quelqu’un avait oublié ses lunettes, ma mè-      parents achetèrent le premier « frigidaire ».
             re  lui  en  proposait  une  paire  sortie  d’un    Mais qu’il était cher ! C’était un beau meu-
             tiroir, achetée au colporteur, qui paraissait    ble  en  bois  à  quatre  portes.  Grâce  à  lui,
             convenir à tous les yeux. C’était sans doute     mes  parents  ne  m’envoyèrent  plus,  les  di-
             un genre de loupe,  comme on vend encore         manches, à l’heure de l’apéritif, quérir dans
             aujourd’hui… dans les pharmacies.                un  petit  seau  ventru  en  émail  rouge,  de
                                                              l’eau au puits de Moulène, réputée pour sa
                                Les Bals                      fraîcheur.

             C’était un service réservé à la jeunesse. La     Vers 1956, nous eûmes le premier poste de
             salle du café était, disait-on, la plus grande   télévision en noir et blanc. Par curiosité, il
             du canton. Dès l’hiver, avec son froid et sa     attira  des  clients,  surtout  les  jeunes  gar-
             neige, les garçons et les filles demandaient     çons, qui venaient, les dimanches, voir des
             à ma mère de « faire un bal ». Peu de musi-      matches de rugby ou de foot. Les sports se
             ciens: deux ou trois installés sur les tables    pratiquaient  rarement  dans  nos  petites
             du café repoussées dans un coin de la salle.     communes. Il n’y avait qu’une chaîne donc
             C’était,  à  cette  saison,  la  seule  distraction   pas de discorde. Cependant déjà autour de
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